J'avais au départ déjà deux prises contre moi.
Reflux gastrique assez sévère et asthme à l'effort.
J'en ai maintenant une troisième.
5 accidents majeurs au genou gauche (soccer), dont le dernier a nécessité une reconstruction complète du ligament croisé antérieur.
Je ne devrais pas courir. Souvent je n'aime pas courir. Je n'aimais pas courir.
Et pourtant je cours.
Enfin j'apprends à courir à nouveau. Depuis deux ans le temps me manque. Ma conjointe a eu des ennuis de santé, en théorie résolus aujourd'hui, et ma fille grandit. Les priorités étaient ailleurs. Et le corps vieillit.
Le retour à la course est de plus en plus ardu. Il y a deux ans ce fut le tendon d'Achille, et cette année le syndrome rotulien. J'en reparlerai. Mon corps veut encore avoir vingt ans. Il se souvient de l'aisance avec laquelle il enfilait les demi-marathons, et de la rapidité avec laquelle les distances s'allongeaient et les temps diminuaient. 3 semaines me suffisaient pour me préparer à un demi, couru avec un temps décent, sans blessure...
Cette année j'ai voulu reprendre doucement; couru un peu, 5k, 7k, mais par ailleurs j'ai poussé un peu trop en vélo. Aucune douleur en vélo, mais douleur à la jonction du tendon rotulien et de la rotule, su côté interne, après chaque course. Difficulté à descendre les escaliers.
Encore une fois apprendre à prendre ça mollo...
J'ai commencé à courir à 20 ans. Je viens d'une famille sportive, mes parents ont fait partie de l'élite québécoise au tennis, ma mère y joue encore plusieurs fois par semaine à 81 ans. Elle courait des demis à 50 ans, à une époque où personne n'en courait. De mon côté je préférais les sports d'équipe, soccer et hockey, mais les ai délaissés à l'adolescence, incapable d'embarquer dans le 'système' intensité-violence-machisme, qui était à des lieues de ma personnalité plutôt taciturne et placide. J'ai décroché. Recommencé à jouer un peu au hockey à l'université, sans grande passion.
Mais je me trouvais dans une forme affreuse. J'ai simplement réfléchi au sport qui me ferait reprendre de la forme le plus rapidement et le plus facilement possible. J'ai songé à la course à pieds. J'ai souffert, intensément, pendant des mois, de ce choix.
Mal au ventre, mal aux poumons, mal aux jambes, mal au dos. Aucun plaisir. Pendant des mois. Mais, pour une fois, je me suis acharné.
La douleur a fait place à l'aisance, les sorties se sont allongées eu même rythme que la foulée, la capacité pulmonaire et musculaire a augmenté. J'étais accro. Je suis passé à 50k par semaine, et bientôt 75k. Je me suis inscrit à mes premières courses, dont le magnifique Maski-Courons.
J'ai gardé une bonne discipline pendant plusieurs années, avec du ski de fond l'hiver puisqu'à cette époque je n'aimais pas courir dans le froid. Et le premier accident au genou est survenu. Je n'ai pas couru pendant 10 ans ensuite, incapable de faire quelques kilomètres sans douleur. J'ai roulé. J'ai joué au soccer. Encore, malgré tout...
Au contact d'amis coureurs, je me y suis remis. Doucement. Puis plus assidûment. Le genou allait bien. On m'a parlé du duathlon (je nage très mal); j'ai essayé et ai aimé, fait un peu de compétition. Les maux de dos, par contre, étaient constants. J'en reparlerai.
Et bang, je vais remplacer un joueur dans le club de foot d'un ami, mon pied reste collé au sol, le genou tord et le croisé antérieur lâche. 6 mois sans rien faire et une opération 1½ ans plus tard.
3 mois après l'intervention chirurgicale je recommençais à courir. J'en ai pleuré de rage, incapable de faire 1 kilomètre. 3 mois plus tard je courais un demi.
Pourquoi je cours, avec toutes ces épreuves, ces blessures et ces temps morts ?
Je ne sais pas tout à fait. Mais je sais que la course m'aère l'esprit et le corps, qu'elle me réénergise, qu'elle me procure à l'occasion des moments de grâce et d'euphorie, après des mois d'entraînement ardu et pénible. Que j'aime la notion d'effort et de dépassement. Que je ressens une grande fierté à réussir à courir 21k sans être à l'article de la mort, et de faire des temps respectables. Parce que courir comme un enfant est quelquefois une joie totale. J'aime le mouvement, j'aime l'aisance, j'aime me sentir jeune malgré le poids de l'âge. J'aime que mon corps soit un atout, pas une charge. J'aime porter à 48 ans la même taille de Levi's qu'à 16 ans. Et je suis fier de mon neveu de 20 ans qui me plante à son premier 10k à vie, et qui finit 80ème sur 1300 coureurs, après seulement 6 mois d'entraînement. Je l'envie, aussi, mais bon...
J'ai couru un petit 7k hier, un peu de pluie, un peu de soleil, un peu de chaleur. 5 mn plus lent que mes temps en forme. Mais bon, je recommence, et je n'ai pas mal au genou, ni au dos. J'ai débuté lentement, contrairement à mes habitudes, et ai fini plus vite. J'ai même eu un kilomètre où je me sentais très bien.
Ça viendra. Je reprends le plaisir à courir.
Bonne course !
lundi 22 septembre 2014
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